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Non aux démonstations de violence à l’école animées par Raid aventure !

jeudi 25 mai 2023, par Parents Saint-Denis

Des représentants de parentes du collège Germaine-Tillion, de Paris, et des 3 écoles de Saint-Denis qui s’étaient opposées à Prox’aventure, signent une tribune commune, publiée sur le blog Mediapart de la FCPE Paris. Lire aussi l’histoire de la mobilisation des 3 écoles de Saint-Denis.

Les baisses de moyens de l’Education Nationale sont historiques, mais les autorités promeuvent "la citoyenneté” des jeunes par des dispositifs à la limite du paramilitaire : le Service National Universel (SNU) au lycée et des demi-journées “sportives et citoyennes” de l’association Raid Aventure pour les jeunes habitants des quartiers populaires.

Que propose Raid Aventure ? Une intervention sur temps scolaire pour des élèves d’écoles élémentaires et de collèges, financée par l’Education Nationale et les collectivités locales, animée par des policiers volontaires et présentée comme "une action qui s’inscrit dans le parcours citoyen" des élèves. Les élèves font des exercices sportifs (escalade, boxe), mais aussi des exercices extrêmement violents (« jeux de rôles » entre élèves simulant des interpellations, dont clé de bras ou placage ventral, avec menottage, course-poursuite équipés d’un gilet pare-balles et d’une matraque avec initiation à son maniement, laser game avec un pistolet…) et des échanges avec les intervenants qui visent à valoriser le travail de la police essentiellement axé sur le maintien de l’ordre.

A Saint-Denis, en septembre 2022, des enfants de trois écoles, du CP au CM2 (6 à 10 ans) ont crapahuté avec des matraques et se sont entraîné à se menotter joyeusement avec des policiers municipaux alors que leurs parents les croyaient en classe avec leur enseignant participant à une « journée sportive et citoyenne » [1]. A Paris, en mars 2023, les élèves de classe de 5ème du collège Germaine-Tillion dans le 12e arrondissement ont notamment été interrogés sur le fait qu’ils aimaient ou non la police, puis séparés en deux groupes distincts. Les policiers ont pris à part ceux qui avaient répondu qu’ils n’aimaient pas la police pour essayer de les faire changer d’avis. Qui peut penser qu’enseigner "la citoyenneté" consiste à ce qu’un adulte inconnu en uniforme tente de convaincre des élèves de 12 ans qu’ils ont tort de ne pas “aimer la police” et que les violences policières n’existent pas ?

Si la présentation des actions de la police aux élèves peut être intéressante, pourquoi ne pas dans ce cas présenter d’autres aspects (investigation, protection des mineurs, police scientifique...) ? Pourquoi en exclure les enseignants ? Pourquoi passer par une association sponsorisée par Dassault et GK Pro (respectivement fabricants d’armes de guerre et d’équipements policiers) dont les logos sont affichés sur le terrain où les élèves sont invités à « s’entraîner » – ceci constituant une entorse de taille à la laïcité et à la morale ? Pourquoi ne pas présenter d’autres services publics essentiels à la citoyenneté - hôpital, université, recherche ? A Saint-Denis comme à Paris 12ème, de nombreux parents d’élèves ont été choqués et se sont demandé comment il était possible que Raid Aventure ait un agrément pour intervenir auprès des élèves et autant de financements publics.

Enfin, le Ministère de l’Education Nationale et les collectivités locales où intervient cette association semblent valider le fait que l’éloignement entre la police et la population ne concerne que les quartiers populaires. Raid Aventure affiche publiquement les objectifs du « dispositif » Prox, qui sont notamment “d’améliorer les relations entre les jeunes [de quartiers] et les forces de sécurité”. Est-ce un signal que les bases du maintien de l’ordre doivent en priorité être inculquées aux élèves de « familles populaires » ? Quant à “déconstruire les stéréotypes”, “lutter contre la résignation et le sentiment d’abandon des habitants des quartiers populaires”… en quoi l’initiation à la matraque, la menotte ou le tir peuvent-ils répondre à ces objectifs louables ?

Plutôt que d’investir dans des actions qui font la promotion de techniques de maintien de l’ordre violentes pour “promouvoir la citoyenneté”, de nombreux parents pensent que pour aider les jeunes des quartiers populaires il serait plus judicieux pour le gouvernement, les villes et les départements de lutter efficacement contre la pauvreté, conséquence de l’érosion des droits sociaux, de maintenir des services publics efficaces et efficients, et de permettre à tous les enfants de vivre dans des conditions décentes. Et concernant l’Education Nationale spécifiquement, nous pensons qu’il faudrait veiller à ce que le minimum soit respecté : que les enfants bénéficient d’une scolarité où ils ont face à eux des enseignants formés, expérimentés, remplacés en cas d’absence et bien payés, et où ils ne sont pas 28 par classe, où ceux qui sont porteurs de handicap sont accompagnés par un accompagnant formé selon leur droit. Les élèves pourraient être initiés à la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, préambule de notre constitution, qui n’a rien à voir avec l’apprentissage de techniques policières violentes, avoir accès le plus largement possible - et surtout dans les quartiers populaires - à des sorties culturelles ou sportives, et ou encore partir régulièrement en voyages scolaires. Autant d’actions pour lesquelles les institutions semblent malheureusement perpétuellement manquer de moyens.

Représentants de parents d’élèves FCPE et non-FCPE :
 Ecole élémentaire Langevin à Saint-Denis : Fariza Bellila, Sonia Bourai, Silvia Capanema, Kaïna Chekkal, Elise Czernichow, Wilfrid Dulouart, Farouk Faid, Sarra Hammami, Anissa Krim, René Schmidt, Néda Zare
 Ecole élémentaire Balzac à Saint-Denis : Virginie Arial, Kaya Doyeux, Guillaume Durieux, Aurélie Ruby-Monteil, Camille Saugon
 Ecole élémentaire Sorano à Saint-Denis : Karine Francq
 Collège Germaine Tillion à Paris 12e : Ahlem Aidouni, Nicolas Aiello, Véronique Fortin, Valérie Lanson, Alice Marsal, Maria Melchior, Monica Pedrazzi, Marjorie Vial


[1Saint-Denis, dans le département du 93, où un rapport parlementaire de 2018 pointant la défaillance grave des services de l’État, en particulier dans l’Education.

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